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Mettre la société en mode projet

Mettre la société en mode projet


En novembre 2011, la Fonda (association française pour le développement de la vie associative) réunissait 300 personnes pendant deux jours à la Bourse du travail de Paris pour une « université d’automne » qui concluait un exercice de prospective participative lancé 18 mois auparavant et intitulé Faire ensemble 2020.
En mars 2012, l’assemblée générale de la Fonda élisait un nouveau conseil d’administration sensiblement rajeuni et comptant désormais autant de femmes que d’hommes. Les deux événements sont intimement liés, puisque c’est parmi les participants les plus actifs de l’université d’automne que nous avons recruté nos nouveaux administrateurs. Leur jeunesse et la diversité de leurs expériences vont permettre à la Fonda de faire vivre son projet : être le think tank du monde associatif. Les associations qui se plaignent de la difficulté à renouveler leurs dirigeants doivent d’abord s’interroger sur la validité et la vitalité de leur projet associatif. Présider une association, ce n’est ni une charge, ni un honneur, c’est juste s’identifier, pour un temps plus ou moins long, à la vie d’un projet et le partager.

 

Et puisque tout le monde a trouvé la campagne électorale décevante, je vais un peu plus loin. Pourquoi toujours attendre du politique qu’il éclaire l’avenir, qu’il réponde à nos questions, qu’il ait un projet de société ? Il a bien trop à faire, le politique, à gérer la somme des contraintes, à survivre à la dictature de l’instantané, à chercher l’impossible martingale du vivre ensemble. Au lieu de vous demander ce que la République peut faire pour vous, pourquoi ne pas vous demander ce que vous pouvez faire pour elle ? Et si c’était ça le rôle politique des associations : se projeter, fabriquer du projet commun, mettre la société en mode projet ?

 

Plusieurs réseaux associatifs ont déjà demandé à la Fonda de leur faire partager sa démarche prospective ou les conclusions de ses travaux. La prospective, ça se partage : il ne s’agit ni de visions futuristes pour vous épater ni de tirades de Cassandre pour vous intimider mais d’une méthode de projection dans l’avenir de ce que nous savons du monde dans lequel nous agissons. Et elles en savent des choses, les associations ! D’ailleurs, ce « bon vieux » Waldeck-Rousseau ne les a-t-il pas définies comme l’acte de mettre en commun ses connaissances ou ses activités dans un but autre que de produire des bénéfices ?

 

Dans la crise de système que nous vivons, lorsque entreprises et organismes publics s’interrogent sur la perte de sens, les associations portent plus que le vivre ensemble, l’agir ensemble. Le sens, elles l’ont à portée de la main. Ce qui leur manque peut-être le plus, c’est l’ambition (la fierté ? le culot ?) d’être à la hauteur de cette mission d’utilité sociale. Dans le programme de travail de la Fonda, pour préparer notre université 2013, nous voudrions développer et expérimenter l’idée qu’une association vivante est celle qui dresse le moins de barrières possible entre le dedans et le dehors et que si la rareté des ressources pousse à la mutualisation des moyens, les besoins de la société doivent inciter à la mise en commun des projets. Plus que le lamento contre les appels d’offres, c’est l’ambition des projets qui donnera aux associations une influence décisive face aux pouvoirs publics. C’est ce que Roger Sue appelle l’associationnisme et Jean-Pierre Worms l’empowerment.

 

Ces mots sont imprononçables, alors faisons-le !

 

 

Yannick Blanc
Préfet du Vaucluse et Président de la Fonda
 

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