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Macron saison 2 : les défis du nouveau quinquennat

Macron saison 2 : les défis du nouveau quinquennat


La réélection d’Emmanuel Macron est historique mais nul ne saurait crier victoire parce que l’analyse des messages est préoccupante, parce que les défis à relever sont nombreux et parce que le nouvel Exécutif ne pourra pas compter sur le moindre “état de grâce” afin d’impulser l’action du nouveau quinquennat.

La réélection d’Emmanuel Macron est historique puisqu’il devient le premier président de la République réélu hors cohabitation depuis le général de GAULLE en 1965. Mais nul ne saurait crier victoire parce que l’analyse des messages est préoccupante, parce que les défis à relever sont nombreux et parce que le nouvel Exécutif ne pourra pas compter sur le moindre “état de grâce” afin d’impulser l’action du nouveau quinquennat.



Entendre les messages des Français

L’abstention massive des Français est préoccupante et la progression effrayante de l’extrême droite invitent à l'humilité. L’extrême droite représente désormais près d’un Français sur deux. La France est divisée, voire fracturée. Anti-lepénisme et anti-macronisme se font face. La défiance est là, elle croît et s’ancre. Les orphelins et les abstentionnistes du 1er tour ont peiné à arbitrer leur “dilemme moral” - barrage ou vote sans conviction ? Quant à ceux du 2nd tour, ils ont tout à la fois rejeté le vote extrême, le vote blanc et le “front républicain”. Au fil des scrutins, les Français oscillent entre lassitude, inquiétude et colère.
La concorde nationale devra donc prioritairement être restaurée dès l’aube du quinquennat. Sans pour autant renoncer à dégripper et relancer la machine réformatrice suspendue par la crise sanitaire. La réforme n’est pas opposée à la concorde ; au contraire, elle en est probablement une des conditions.
Le président réélu devra rapidement relancer une réforme des institutions afin de retisser le lien de confiance distendu entre les Français et leurs représentants, avec une dose de représentation proportionnelle et l’association renforcée et durable des citoyens dans le cadre d’un nouveau “grand débat permanent” et de concertations locales. Ancrer une politique de réformes sur l’écoute des populations dans les territoires est devenu indispensable.  



Résorber les inégalités.

La crise a particulièrement touché les plus fragiles et modestes - jeunes, seniors, familles monoparentales, petits entrepreneurs individuels, artisans et commerçants indépendants et isolés, habitants des quartiers populaires, etc. Les Français se rejettent et se querellent : France des villes, France des campagnes; France de ceux qui travaillent, France de ceux qui restent de longs mois sans emploi; France de ceux qui sont diplômés, France de ceux qui sont en échec de filière professionnelle… Pour réduire ces inégalités, des dispositifs d’aide et de soutien doivent être mis en place pour mieux absorber socialement les crises. Chacun doit pouvoir conserver ou retrouver une dignité, dans l’entreprise comme dans la Cité. Comment ? Par exemple en renforçant l’accès aux formations pour les salariés comme pour les indépendants. Et en améliorant le partage des richesses, avec une indispensable et juste revalorisation des salaires compensée par une baisse des charges patronales, un revenu minimum pour les travailleurs indépendants et la réouverture des métropoles à tous ceux qui les font vivre mais n’ont plus les moyens d’y vivre. Plus que jamais, il faut retisser le lien social, renforcer les nouvelles solidarités et garantir à chacun une dignité sociale.
La nomination d’un nouveau gouvernement composé de personnalités nouvelles, comme les élections législatives à venir (si elles voient l’arrivée de députés primo-accédants) peuvent symboliser un tournant. Celui des réformes nouvelles et d’une action publique qui « oxygène » l ’élite de la République, renforce la proximité démocratique et économique dans les territoires.



Small is beautiful

Au cours du quinquennat qui commence, le président réélu devra s’engager résolument dans une politique en faveur des jeunes, de l’écologie responsable et de la redynamisation du tissu économique en soutenant un plan massif des TPE-PME dans tous les territoires, y compris ruraux, car c’est bien in fine de lien social, d’emploi et donc d’humain dont il s’agit.
Comme les Français, les petites entreprises veulent que l’on montre qu’on les écoute, qu’on les aime et que l’on fournit des efforts pour répondre concrètement à leurs inquiétudes. Depuis des années, “small is beautiful” n’est qu’un beau slogan. Faisons enfin cette révolution culturelle, changeons d’échelle économique et humaine pour mettre en place dans nos territoires une vraie politique en faveur des petites et moyennes entreprises.
Encourager le développement des petites et moyennes entreprises dans les territoires, continuer la redynamisation économique des quartiers, favoriser l’installation des jeunes entrepreneurs dans les territoires ruraux ou les grandes métropoles, penser à ce qui est justement supportable est acceptable en normes nouvelles pour que les TPE et PME réussissent, mieux se soucier des travailleurs, de l’environnement et des ressources naturelles locales, est un beau challenge à remporter.

Affranchi de la contrainte d’une réélection et soucieux d’entrer dans l’Histoire en y laissant une trace durable, le président réélu pourrait, en dépit de l’ouverture de la course à sa succession, se révéler un ardent réformateur.



Bernard COHEN-HADAD
Président du Think Tank Etienne Marcel

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