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Le Jardin, une passion française…

Le Jardin, une passion française…


En Amérique ou en Asie, des études et sondages ont montré que les managers et grands patrons qui déclarent et proclament pour premier hobby le jardinage ont non seulement une espérance de plus grande longévité (c’est bien connu pour tout le monde !) mais encore un degré beaucoup plus élevé de performances professionnelles grâce à leur Art de vivre (cela mérite d’être connu et reconnu !).


 Nous souhaitons maintenant partager avec vous cette double orientation pour le Jardinage et pour l’Art de vivre :
•    le Jardin est une grande école de philosophie personnelle 
•    le Jardin est un excellent terreau pour la vie professionnelle.

 


1 - Le Jardin est une grande école de philosophie personnelle, et son Art a marqué les grandes civilisations.


Le thème du Jardin, l’Eden, a toujours tenu une grande place dans la mythologie judéo-chrétienne : le Jardin d’Eden, c’est le Paradis. Et la sagesse antique s’y est beaucoup intéressée. L’Académie où enseignaient Platon et Aristote comportait un grand jardin, que le Maître et ses élèves pouvaient arpenter en discutant Philosophie ou Métaphysique. Toujours à Athènes, Epicure choisit de dénommer « Le Jardin » l’école de Philosophie qu’il avait fondée… il est encore certain que les jardins (et le jardinage !) sont toujours une grande source de satisfaction pour les épicuriens d’aujourd’hui.
Et voici une belle citation de Cicéron, le plus grand des orateurs de l’Antiquité romaine :


« Si vous possédez une bibliothèque et un jardin,
Vous avez tout ce qu’il vous faut »


Avez-vous déjà pensé à ce bonheur ? Cultiver et se cultiver ! C’est la meilleure et la plus simple des recettes de bonheur… d’autant plus qu’elle est vraiment facile à partager !

Plus près de nous, voici une citation du grand philosophe et homme d’Etat anglais Francis Bacon :


« Dieu tout-puissant planta d’abord des jardins.
Et, vraiment, c’est le plus pur des plaisirs humains »
Francis Bacon (1561-1626), Essais, Des Jardins


Du même : « La nature, pour être commandée, doit être obéie »

Voilà donc une sage maxime à l’intention des jardiniers, professionnels et amateurs. Et aussi de nos gouvernants (et des acteurs responsables sur toute la planète !), dans l’optique du développement durable. Au risque (ou sans risquer ?) de commettre un anachronisme, retenons que Francis Bacon avait une pensée très en avance sur son temps…


Toujours chez nos amis anglais, voici des formules célèbres du plus grand des auteurs dramatiques :


« Mon corps est un jardin, ma volonté est son jardinier »
« Le personnage que nous sommes est un jardin, et notre volonté la cultive »
William Shakespeare (1564-1616), Hamlet
     
Nos voisins et amis d’Outre-Manche, c’est bien connu, ont la passion des jardins et des pelouses. Voici un proverbe anglais toujours d’actualité :

« La patience est une fleur qui ne pousse pas dans tous les jardins ».

De savants auteurs ont comparé les « jardins anglais » et les « jardins à la française ». Et l’art du jardin a souvent été le fleuron de grandes civilisations.
N’oublions pas les Jardins suspendus de Babylone, l’une des Sept merveilles du Monde. Et pensons à l’importance conservée par les jardins et l’art du jardinage dans un grand pays comme le Japon.


Au Siècle de Louis XIV, un grand artiste et réalisateur lui-même issu d’une grande famille de jardiniers des Rois de France, André Le Nôtre (1613-1700) a marqué son époque, aux Tuileries, à Vaux-le-Vicomte et dans plusieurs dizaines d’autres lieux, et surtout à Versailles. Son prestige lui valut alors de nombreuses commandes dans plusieurs grands pays d’Europe.

La France a toujours de très grands jardiniers, souvent d’origines très modestes, ayant commencé comme simples commis, apprentis, ouvriers. Le jardin est donc aussi une belle école de promotion sociale. Voici celui qui est maintenant le plus connu d’entre eux, nous avons souvent la chance de le voir à la télévision, œuvrant dans le parc de Versailles (… où il avait commencé à travailler au plus modeste niveau à l’âge de 19 ans). Les propos d’Alain Baraton, grand chef Jardinier de Versailles :


« Un jardinier est un homme libre »
« Le jardinage permet d’entretenir son physique et son moral »
« Je parle aux arbres et aux plantes… cela guérit de tous les maux »


Il a publié en 2012 un Dictionnaire amoureux des Jardins (600 pages, éditions Plon), après un autre beau titre en 2010 Je plante, donc je suis et plusieurs autres beaux ouvrages, depuis Le Jardinier de Versailles jusqu’à L’Amour au jardin. Nous pouvons aussi écouter chaque semaine ses Chroniques Jardin à la radio, notamment France Inter.

NDLR : Alain Baraton doit accomplir une tâche gigantesque, à la fois douloureuse et passionnante : réaménager les jardins et l’ensemble du parc de Versailles, après les terribles dégâts provoqués par la grande tempête de décembre 1999. Plus de 10000 grands arbres étaient tombés… Pour les petits espaces potagers ou floraux, c’est bien engagé, avec des innovations intéressantes (ou simplement pour retrouver les recettes et aménagements du Grand Siècle et des Jardiniers célèbres de l’époque). Pour les grands espaces arborés, il faudra évidemment attendre des dizaines d’années la croissance des beaux arbres.



 2 - Le Jardin est un excellent terreau pour la vie professionnelle…


… et la beauté de nos paysages un grand atout pour notre pays.

Si au plus haut niveau le jardin est une œuvre d’art, il permet, sur le plan technique, d’exercer et de développer beaucoup d’activités et qualités intéressantes :
•    le sens de l’organisation, le travail en équipe,
•    les techniques de culture,
•    la notion d’aménagement durable.

Nos lecteurs sont certainement très sensibilisés à toutes ces questions, et en voient très bien les implications sur le plan individuel comme sur le plan collectif. Et nous vous invitons à relire les belles chroniques ou Tribunes libres sur le travail en équipe. Au plus haut niveau, nous voudrions vous inviter à bien partager le sentiment de l’importance pour notre pays de la politique des paysages… à laquelle une autre chronique pourrait être consacrée. Un investissement prioritaire !


Le Conseil général de l’environnement et du développement durable (CGEDD) vient de publier un rapport important sur ce sujet. Si la France est manifestement gâtée en la matière, il serait dommage qu’elle laisse ses paysages se dégrader. Nos paysages sont une grande source de richesse, et il importe de continuer à les valoriser. L’importance économique de nos paysages est indéniable, et pour parler familièrement « Les paysages touristiques rapportent gros ». Si plus de 80 ou 100 millions d’étrangers et 90 % des vacanciers français visitent l’hexagone chaque année, la beauté de nos paysages y est pour beaucoup. L’attirance qu’exercent l’Aquitaine, le Périgord ou la Normandie sur les Anglais et l’Ardèche ou les Cévennes sur les Hollandais ou les Allemands, est connue de longue date. Et l’on se plaît à souligner maintenant, par exemple, l’attrait des champs de lavande de Provence pour les touristes chinois. Bien entendu, penser aussi à nos grandes régions viticoles, dont les parcs et jardins sont soigneusement entretenus ou à des sites plus modestes, mais toujours très attachants, comme ceux du Marais Poitevin ou de nos petites îles. La beauté des paysages et des jardins constitue une excellente « carte de visite » pour les territoires ruraux… et même urbains. Penser à l’importance des Parcs et Jardins dans les grandes villes comme Londres ou Rome… ou encore Paris, qui devrait mieux entretenir les siens, ou les développer lorsque c’est encore possible (par exemple sur les sites de la « Petite ceinture », qui méritent d’être préservés et mieux mis en valeur). Ce n’est pas pour rien que des villes ou des départements se basent sur leurs paysages pour assurer leur promotion auprès du grand public et à l’international.


Il est bien connu maintenant que le paysage a une influence déterminante sur « le moral des gens », à moyen et long terme, et il en va de même pour le décor des bureaux ou ateliers. La dégradation des paysages a été un grand facteur de « mal-être » pour beaucoup de populations. Un éminent Ingénieur général des Ponts, des Eaux et des Forêts (co-auteur du rapport précité) a souligné que, à l’inverse, « un paysage de qualité favorise les ressources humaines, le dynamisme, la créativité, le bon fonctionnement d’une société ». Au niveau le plus modeste, il est bien connu qu’une « belle vue sur jardin » de la fenêtre d’un appartement augmente considérablement la valeur de ce dernier. Il en va de même sur le plan collectif, mais c’est plus difficile à apprécier.


Il importe donc que les économistes cherchent à mieux attribuer une valeur monétaire aux coûts et aux bénéfices des paysages et des aménagements paysagers.


La science et les techniques des paysages sont en voie de développement. Beaucoup de PME dynamiques sont maintenant prêtes à collaborer avec les ingénieurs et les architectes, avec les responsables politiques et administratifs sur le plan local… et au service et au bénéfice de tous les citoyens. Le développement de ces entreprises va être un atout important… y compris pour la création d’emplois ! Il doit donc être encouragé… et faire naître de nouvelles vocations chez les jeunes.


Pour conclure, revenons à l’ultime maxime de Voltaire dans Candide ou l’optimisme :


« Il faut cultiver notre jardin ».


Pour les jeunes d’aujourd’hui, ce peut être une invitation non seulement à la formation et au perfectionnement professionnel, mais encore à l’action civique au service de l’intérêt général : faire évoluer la société pour la rendre meilleure. Chaque jeune, comme tout citoyen, devrait avoir à l’esprit, pour la cultiver, cette belle maxime ou devise trouvée au mur d’une vieille école d’une petite commune de Vendée : « La France est notre jardin. Chaque citoyen est son jardinier »
 

 

Jean-François Guédon

Administrateur civil honoraire, Directeur de collections, Universitaire

 

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