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Des bureaux, oui mais pour quoi faire ?

Des bureaux, oui mais pour quoi faire ?


Des bureaux, oui mais pour quoi faire ? Les enseignements du Paris Workplace 2021

Nous l’observons, chaque jour qui passe nous rapproche d’un retour à une situation sanitaire plus normale. Pour autant les épisodes de confinement successifs ont fortement contraint la vie au bureau, et il est assez vraisemblable que nos habitudes s’en voient modifiées à moyen terme. Gageons, cependant, que cette période très critique soit source d’un élan nouveau : aujourd’hui plus qu’hier, aucune entreprise ne peut faire l’économie de se poser la question du rôle que doivent jouer ses bureaux.

Cette question, nous nous efforçons d’y répondre depuis huit ans grâce à l’étude Paris Workplace que nous menons avec l’IFOP et qui nous a permis d’interroger plus de 16 000 salariés et pas moins de 73 experts. Alors que des thèses parfois contradictoires circulent sur l’avenir du bureau, ce baromètre inédit par son ampleur et son ancienneté offre un recul bienvenu.



Les jeunes particulièrement attachés au bureau

Commençons par l’essentiel. Après sept années de stabilité presque parfaite, la note de bien-être au travail des salariés de moins de 35 ans progresse significativement pour atteindre un niveau record de 7,1/10 (contre 6,5 en moyenne depuis 2014). Mais avant tout – et cette question agite notre milieu - pourquoi revenir au siège ? La vie sociale avec les collègues est la première raison de venir au bureau pour les moins de 35 ans (49 %, +3 points depuis février 2020, avant les confinements). Plus des deux tiers des jeunes salariés considèrent que « leurs collègues sont également des amis », un chiffre presque deux fois supérieur à celui des + 50 ans (34 %). Finalement, et peut-être l’avez-vous vous aussi observé, les plus heureux de retrouver des conditions de travail « normales » sont ceux qui ont le plus souffert de la période, à savoir les jeunes et a fortiori les jeunes Franciliens (bien souvent logés dans les appartements de petite taille). En 2021, le bureau est moins un lieu de travail qu’un espace où l’on peut retrouver ce qui nous manquait tant, à savoir des relations sociales.

 
Mais demain, ces vertus redécouvertes du bureau perdureront-elles ? Ou ne s’agit-il pas d’un effet de court-terme lié à la fin des confinements et des couvre-feux ? Il est encore trop tôt pour le dire, et nul doute que les pratiques des prochains mois, en matière de management et de ressources humaines, seront observées à la loupe. Car Si le bureau officie comme « réseau social » pour les jeunes salariés, il continue de remplir sa fonction première : il reste le lieu où l’on se sent le plus performant pour travailler.

Et qu’en est-il du télétravail ? Ceux qui professent la fin des bureaux devraient trouver dans cette étude de quoi réviser leur jugement, puisque les -35 ans ne sont pas les plus demandeurs de télétravail. Dans l’idéal, en moyenne, ils souhaiteraient travailler à distance 2,1 jours par semaine contre 2,3 jours pour les + 35 ans. Idéalement donc, les salariés de tous âges, veulent bel et bien continuer de travailler majoritairement du bureau, à tel point que celui-ci reste le lieu le plus efficace pour travailler selon les jeunes salariés. En effet, 62 % d’entre eux considèrent qu’ils sont plus performants au bureau contre 29 % qui répondent chez eux en télétravail.



Des bureaux à impact qui font du bien à leur environnement

Si les moins de 35 ans sont les plus heureux de retrouver leurs bureaux, ils ont aussi élevé sensiblement leurs niveaux d’exigence vis-à-vis de celui-ci. Le lieu de travail, confronté à la concurrence du domicile, va devoir prouver sa capacité à satisfaire les attentes en matière de bien-être et de relations sociales, mais aussi à avoir un impact sur son environnement de façon positive.

Si la Covid-19 a brouillé les lignes entre vies personnelles et professionnelles, les engagements des employés, eux, se vivent et s’expriment aujourd’hui sur le lieu de travail. Les bureaux « à impact » traduisent cette volonté d’implication personnelle au sein de l’entreprise. Nous l’avons tous remarqué, les mentalités ont fortement évolué depuis dix ans, les comportements aussi... mais pas encore suffisamment pour que les bureaux soient considérés par les salariés comme « l’avant-garde » de la transition écologique. En effet, 78 % des salariés (tous âges confondus) disent avoir un comportement plus éco-responsable davantage à leur domicile qu’au bureau.

Pour autant, les salariés affichent une sensibilité plus forte qu’il y a 10 ans à des thématiques telles que le tri des déchets (86 %), la réduction des impressions (84 %), l’utilisation des mobilités douces (63 %). Les jeunes se disent prêts à faire des efforts individuels, davantage que leurs aînés et leur engagement se traduit de manière très concrète : 74 % d’entre eux sont favorables à un bonus-malus sur leur rémunération lié aux gestes éco-responsables. Notez toutefois qu’un peu plus de la moitié (54 %) des plus de 50 ans se disent prêts à les suivre dans cet effort.

 
Et ces efforts ne sont pas vains. Lorsque l’entreprise promeut fortement une politique environnementale, celle-ci produit ses effets sur les salariés. Ceux qui travaillent dans des bureaux soucieux de leur environnement sont systématiquement plus heureux au travail : ils se donnent une note de bien être de 7,1/10. C’est près d’un point de plus (6,2/10) que ceux qui travaillent dans une entreprise qui ne soutient pas d’association par exemple. Les attentions personnelles portées pendant la période de restrictions sanitaires semblent également avoir fait effet, puisque l’on observe aussi une forme de reconnaissance de la part des salariés vis-à-vis de leur employeur : 66 % des jeunes déclarent que “le bien-être des salariés est une priorité” pour leur employeur, contre 58 % avant les confinements. L’entreprise a donc incarné une forme de stabilité et de solidité dans un monde angoissant et incertain. À elle aujourd’hui, de montrer la voie.

 
Quelle conclusion retenir de tous ces chiffres ? Qu’à l’heure où de nombreuses entreprises interrogent leur stratégie immobilière et leur raison d’être, il y a fort à parier que celles qui intègreront dans leur choix les aspirations très fortes et très claire de la jeune génération en matière d’engagement RSE et de bien-être au travail gagneront en attractivité. Celles qui appréhenderont leurs bureaux comme le révélateur de leur entreprise, de leurs valeurs et de leur mission gagneront un temps d’avance salutaire pour elle-même et pour leurs salariés.

À tel point que si elles ne s’engagent pas dans cette voie par choix, elles le feront sans doute par nécessité.

 

Dimitri Boulte
Directeur général délégué de SFL

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